Fawlty Towers

John Cleese !!!… Je ne mets pas ce nom juste pour faire booster mes statistiques Google (j’en ai déjà assez avec Conforama qui me tanne pour que je présente leur collection d’Hiver sous prétexte que « télé » rime avec « canapé »), mais parce que c’est l’exclamation que pousse en entendant ce titre, toute personne qui connaît le programme.

John Cleese, donc… Raconte qu’en 1970, étant en train de tourner dans la région de Torquay, il séjournait avec ses complices du Monthy Python Flying Circus dans un hôtel dont le patron était si abominable qu’ils ont tous fini par s’enfuir. Tous sauf un, John Cleese, qui ne pouvait laisser passer cette chance. Avec son épouse (de l’époque) Connie Booth, il endure encore quelques nuits à hôtel, regarde, note, observe et écrit. Et voilà ! En 1975, la première saison de « Fawlty Towers » était diffusée, suivie en 1979 d’une seconde, douze épisodes au total. Et la comédie venait de s’offrir une parure à douze rubis étincelants, éblouissants !

Bien sûr, on dit toujours d’une série qu’elle est hilarante et qu’on en garantit les fous rires, mais la plupart du temps, on sait que cette promesse ne s’adresse en fait qu’à quelques-uns.Alors que « Fawlty Towers », c’est une ces rares séries qui peuvent faire rire le monde entier et qui font rire tout le monde.

Tout se passe donc dans cet hôtel : « Fawlty Towers » (dont le nom sur la pancarte à l’entrée subira de nombreuses altérations), géré par Basil Fawlty (John Cleese) et sa femme Sybil (Prunela Scales). C’est un petit hôtel charmant, avec sa femme de chambre, Polly (Connie Booth), son serveur Manuel (Andrew Sachs) et son chef Terry. Un établissement sans prétentions (sinon celles du propriétaire) qui accueille, en plus des clients de passage, trois pensionnaires : le Major Gowen (Ballard Berkeley), Miss Tibbs et Miss Gatsby.

C’est dans ce décor tout simple, avec ces personnages anodins que John Cleese va se déchaîner. Car il faut le dire, si les épisodes sont écrits par lui, ils le sont aussi pour lui. Son personnage est taillé sur mesure pour sa grande carcasse, impeccablement coupé pour laisser toute l’aisance possible à l’expression de toutes ses expressions.

Basil Fawlty, c’est ce personnage classique de comédie qui se dirige inévitablement vers les ennuis, où qu’il aille. Jamais par malchance, toujours par sa faute. Ses idées fixes, ses impatiences, ses agacements et ses gesticulations le poussent toujours dans les cordes. Alors il s’obstine encore, il improvise, il ment, il temporise et comme il ne renonce jamais, il finit K.O. Ses échanges avec Manuel, le serveur espagnol, sont particulièrement cocasses.

La mécanique comique que Cleese et Booth font ronronner est absolument parfaite. À partir d’une situation banale, par petites touches, ils tirent les épisodes jusqu’au délire total.Ça ne cesse de monter en puissance, en tension, et de la problématique anodine du départ nous entraîne comme un wagonnet de Grand Huit, vers un sommet d’où elle nous précipite dans une scène hystérique et hilarante.

C’est tellement puissant, tellement irrémédiable que j’ai déjà vu des spectateurs de cette comédie serrer les dents pendant cette montée comme s’ils observaient une mèche se consumer jusqu’au baril de poudre auquel John Clesse et Connie Booth ont ligoté leurs zygomatiques. C’est d’ailleurs peut-être pour cela que lors de la première diffusion de « Fawlty Towers », la réaction du public, qui se trompe rarement, fut plus enthousiaste que celles des critiques  de l’époque qui rangeaient leur parapluie dans leur pantalon avant d’aller s’asseoir au screening. Heureusement, depuis, cette série a été couverte de récompenses et d’honneurs qui ont lavé l’affront.

C’est clair, s’il ne fallait conseiller qu’un seul programme pour découvrir John Cleese, ce serait celui-là. Et ce serait aussi sans aucun doute la comédie à emporter sur une île déserte, tant on peut la voir et la revoir sans jamais se lasser.

 

 

 

 

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The Young Ones

De « The Young Ones »,   il faut commencer à dire que c’est une série-culte et que je m’en fous si vous n’en avez jamais entendu parler parce que c’est réellement une série culte ! Et vous soupirez : ça y est, le voilà venir encore avec sa grosse batterie de superlatifs pour nous servir une vieillerie anglaise (comme par hasard). Et bien tant, mieux, le challenge n’est est que plus attractif, je ferai donc tout en finesse pour vous présenter cette perle rare.

« The Young Ones » est une création de Rick Mayal (Bottom !), Lise Mayer (The Fast Show !) et Ben Elton (Blackadder !). Mais ils n’ont pas encore fait toutes ces choses entre parenthèses car nous sommes en 1981. Tous les trois ont entre 23 et 25 ans et, comme le reste de la jeunesse anglaise du moment, ils ont beaucoup de choses à « déballer». Ils le font sur scène dans des clubs de Londres, sont repérés, parviennent à passer à la télévision et se voient commander une série par la BBC.

« The Young Ones » ce sont quatre étudiants qui, dans le premier épisode, se font virer de leur appartement qui va être détruit et partent squatter une maison. Rick (Rick Mayal of course !) est un rebelle de comptoir, un anarchiste égoïste et introverti qui se prend pour un poète. Vyvyan Basterd (Adrian Edmonson indeed !) est un punk autodestructeur et dangereux, violent et défoncé. Neil (Nigel Planer, un pionnier lui aussi) est un baba cool ultra-dépressif et soumis que tout le monde ignore. Mike (Christopher Ryan, on le citera encore sur beaucoup d’autres séries dans ce blog) est un yuppie court sur pattes, toujours à la recherche d’un peu de monnaie qui balance ses phrases comme des commandements bibliques.

Le ton est sacrément dans l’air de ce temps-là : alternatif, anarchiste, contestataire, punk. La série ne se gène pas pour parodier ou moquer de temps à autre la télévision et ses programmes soit disant « pour les jeunes ». La musique est très présente et la série sert de tremplin à quelques groupes du moment : Madness, Motorhead ou les Dexys Mignight Runners, entre autres, surgissent sans crier gare au milieu d’une séquence pour interpréter leur dernier tube. « The Young Ones », ce n’est pas la télévision qui tente de parler à la rue, c’est la rue qui vient parler à la télévision. La série ne se gène d’ailleurs pas pour parodier ou moquer cette télévision et ses programmes étiquetés « pour les jeunes ».

Il n’y a pas vraiment, dans les épisodes, d’histoire avec des rebondissements et des enjeux, c’est plus un fil conducteur qu’un vrai développement. De fait, c’est assez décousu, on sent bien que pour les auteurs, la structure et la narration, c’est « Never mind the bollocks ». En plus des intermèdes musicaux, il y a des séquences animées en volume qui font la transition entre les séquences, des interventions abruptes de Alexei Sayle qui vient placer un sketch à lui qui n’a rien à voir avec le reste puis repart comme il est venu et des chutes « sans filet » qui viennent boucler les épisodes comme un grand coup de guitare sur une baffle. Mais il y a aussi (et surtout), au milieu de cette rébellion permanente, toute une ribambelle d’inventions, de surprises, de contre-pieds et de pieds de nez qui vous fixent un sourire ravi d’un bout à l’autre du show.

Bien sûr, dans l’Angleterre de Margaret Thatcher, ça ne passera pas toujours très bien et l’on saluera, encore une fois, le rôle qu’a su jouer la BBC dans l’épanouissement de la production Anglaise.

« The Young Ones », est un programme rare et important dans l’histoire de la télévision. Il présente et révèle de jeunes auteurs et comédiens qui vont tous par la suite accomplir de grandes choses. Par son ton, il est le précurseur de beaucoup d’autres séries. Avec son anticonformisme et son audace, il flatte l’intelligence du spectateur. Dans « The Young Ones », on ne nous fait pas rire en appuyant sur des boutons. On nous donne à rire, c’est varié et copieux, mais c’est à nous de nous servir.

Et bien, je n’ai finalement pas fait si fin que ça mais j’ai quand-même réussi à vous cacher le meilleur, que vous ne pourrez ainsi découvrir qu’en regardant « The Young Ones » dont il faut dire, après tout, que c’est une série-culte et que je m’en fous si vous la connaissiez déjà parce qu’alors vous conviendrez avec moi que réellement une série culte !

 

 

 

Married… With Children

Il y a des séries dont on doit parler, parce qu’elles sont incontournables, qu’elles sont cultes et qu’il faut absolument les avoir vues… Et puis il a des séries dont on doit parler, pas forcément pour leur attirer du public, mais parce qu’elles sont des repères dans l’histoire de la série télévisée. « Married… with Children » est une de celle-là, une de ces séries qu’on ne peut pas recommander au-delà du raisonnable mais qui ne sera jamais oubliée.

Plantons le décor, mais pour une fois, pas celui de la série… Nous sommes en 1987. Lancée quelques mois auparavant, la toute-puissante Fox Television d’aujourd’hui n’est alors qu’une jeune chaîne qui n’a pas encore trouvé ses « Simpsons » et n’ose même pas encore rêver d’un « American Idol ». Par tous les moyens, il lui faut se faire connaître et affirmer son identité. Et pourquoi pas essayer aussi du côté de la sitcom ? Et pourquoi pas tenter le coup de pied dans la fourmilière ? Avec « Married… With Children », ce sera un grand coup de pied dans les fesses.

Il faut dire qu’au moment où est diffusé le premier épisode de cette série, les téléspectateurs américains sourient gentiment aux mésaventures proprettes de la famille Keaton dans « Family Ties », opinent poliment aux morales de « Kate & Allie », supportent encore celles du « Cosby Show », somnolent en attendant que Tony et Angela de « Who’s the Boss » couchent enfin ensemble et se consolent en regardant les cabotineries de Bruce Willis dans « Moonlighting »… Bref, très largement de quoi leur laisser du temps de cerveau disponible pour les sponsors.

Alors, forcément, l’arrivée sur les écrans de la famille Bundy ne va pas passer inaperçue. Ils sont à l’opposé des familles « prêt-à-regarder » des autres sitcoms. Évacués les bons sentiments et les morales toute faîtes ! Balayés les clichés de la famille moyenne qui communie à l’église ou autour d’un barbecue ! La seule chose que les Bundy partagent, c’est leur nom de famille. Al, le père, est un looser né, Peggy, la mère, est une feignasse vulgaire, Kelly, la fille, est une quiche sans cervelle et Bud le fils est un obsédé qui fonce les yeux fermés sur les traces de son père. Bientôt, la famille Bundy est rejointe par des voisins, un couple jeune et beau et motivé dont les valeurs toutes positives vont, au contact des Bundy, se flétrir comme des fleurs fauchées.

L’humour est très gras, très souvent (presque toujours) en dessous de la ceinture, mais il faut reconnaître que les répliques sont excellentes, jonglant avec dextérité du premier au troisième degré. Ed O’Neil (Al) et Katey Sagal (Peggy) se renvoient la balle avec un bonheur visible et rajoutent sans cesse des tics à leur personnage, comme s’il le construisait au fil des épisodes. David Faustino (Bud) et Christina Applegate sont encore très jeunes et paraissent, dans la première saison, un peu déconcertés par leur personnage, qu’ils jouent sans trop de conviction, mais rapidement, ils relèvent le défi que leur imposent O’Neil et Sagal et ramassent leur part de la comédie.

En plus d’être totalement décalée dans son sujet, la série ne se gène pas pour parodier le genre lui-même. On s’y moque des rires enregistrés, par exemple, en les exagérant parfois jusqu’au pénible et les changements de casting du mari de Marcy, la voisine, font l’objet de clins d’œil hilarants.

On comprend donc pourquoi le bouche à oreille a parfaitement marché et comment « Married… With Children » est devenue un énorme succés, qui va courir sur 11 saisons (262 épisodes !), et rafler au passage des récompenses qui irritent. La série sera par la suite diffusée partout dans le monde. On devine aussi qu’elle a déclenché toutes sortes de réactions puritaines, qui sont même allées jusqu’à l’interdiction de certains épisodes.

Dans une interview, Ed O’Neil raconte que lorsqu’ils tournaient les premiers épisodes de la série, ils étaient tous (créateurs, acteurs, réalisateurs) persuadés que leur audience était minime et que, par conséquent, ils pouvaient bien faire ce qu’ils voulaient. C’est peut-être là le secret du succés de la série : en ne cherchant pas forcément à plaire au plus grand nombre, elle a pu trouver son originalité. Avec son ton nouveau, elle a probablement libéré pas mal d’auteurs. Certainement, elle a forcé les diffuseurs à plus de prudence avant de jeter un projet à la poubelle sous prétexte qu’il est « hors-cible ». Elle a prouvé qu’on pouvait faire de l’audience avec quelque chose de totalement différent.

Les créateurs de la série sont Ron Leavitt. et Michael J. Moye qui, à cette époque et bien qu’encore très jeune était déjà  un « vieux de la vieille » de la sitcom (d’où son désir furieux de changer la done ?) . Dans la (longue) liste des scénaristes qui ont écrit sur cette série, on remarque plein de scénaristes qui sont aujourd’hui devenus des références et les quatre acteurs principaux ont poursuivi des carrières brillantes.

Comme je le disais au début de cette note, il serait difficile de conseiller cette série pour tout le monde, mais si vous vous intéressez un peu à la sitcom vous n’avez pas le droit de l’ignorer. C’est très bien fait à tous les niveaux, remarquables sous bien des aspects et il y a de très nombreuses choses très drôles dedans qui vous garantissent au moins un éclat de rire par épisode.

 

 

 

La Maison de Toutou

« La Maison de Toutou » est un « programme jeunesse », comme on dit dans les réunions de programmation, donc avant tout destiné aux enfants. Et pour le coup, voilà un programme qui est vraiment destiné aux enfants : tout y est adorable et soigné !

« La Maison de Toutou » a été diffusée pour la première fois à la télévision française en 1967, c’est-à-dire qu’elle n’est pas adaptée d’un jeu vidéo et que ce n’est pas la version « babies » d’un autre dessin animé plus talentueux. Non, c’est une petite création charmante et guillerette, que l’on doit à Georges Croses et Régine Artarit. Il y a trois marionnettes : Toutou, Zouzou et Kiki, qui évoluent dans un jardin potager, celui de Toutou justement. Il y a eu 78 épisodes produits et diffusés jusqu’en 1973.

Bien sûr, les péripéties potagères de ces marionnettes s’adressent surtout aux plus petits. N ‘allez pas offrir ça à votre neveu mangaphile où il va faire la tronche ! Mais si vous avez des petits de 3 à 5 ans dans votre entourage et que vous soupirez à chaque fois que vous les découvrez en train de se tanner la rétine devant Teletubbies, alors je viens de vous donner LA bonne idée pour Noël prochain.

Il faut le répéter : c’est adorable et soigné. C’est une série du temps où on avait le temps de faire les choses bien, avec peu de gens, c’était le temps de l’ORTF. Les couleurs sont très jolies, elles créent une impression d’être dans un de ces beaux livres illustrés de ce temps-là, aux pages épaisses et glacées. Les décors sont très mignons, plein de détails, et c’est impeccablement filmé. Le texte est très bien écrit, très bien rythmé et superbement dit par Jacques Morel, Lucie Dolene et Agnès Varnier. Encore une fois (quand c’est pour les petits, faut répéter souvent) : c’est mignon tout plein !

Si vous ne me croyez pas, faîtes l’essai : faites voir un morceau de « La Maison de toutou » à un bout de chou et vous allez le scotcher comme il ne l’a jamais été depuis son premier mobile musical. Restez quand-même à proximité avec la télécommande, les épisodes sont très courts et les petiots veulent toujours les revoir en boucle. Et puis, grâce à sa « catch phrase » de fin d’épisode (là, ils vont gueuler au ministère avec cet anglicisme), Toutou va leur apprendre 78 adjectifs pouvant caractériser une personne : c’est un beau départ dans la vie, ou du moins un beau départ pour la maternelle. Nous, adultes, on peut bien se faire arnaquer à longueur de journée par la télé, on s’y retrouve toujours mais les mômes, faut pas se moquer de leurs mimines !

Je veux aussi signaler (et là ça va leur faire plaisir au ministère) que cette série française a été diffusée au Royaume uni où elle a connu un franc succès.

 

 

 

Tittybangbang

On m’écrit des quatre coins du monde pour me dire que si je ne parle pas très vite sur ce blog de « Tittybangbang », on va venir me casser les genoux. Et on a raison ! Parler de cette série est un devoir de citoyens ! Il y a trop peu d’opportunités de voir des comédies féminines pour laisser passer celle-là. Certes, des femmes comiques, il y en a sur tous les écrans, mais on les met trop souvent au second plan, on les affuble trop systématiquement d’un partenaire masculin moins drôle.

Donc, oui, « Tittybangbang » est écrit (entre autres), réalisé (aussi) et joué (surtout) par des femmes. Si je ne me trompe, on n’avait pas vu ça depuis « Absolutely Fabulous ». Et ce n’est pas juste une autre émission à sketches avec ses personnages récurrents plus ou moins farfelus, c’est une vraie création avec un point de vue original.

Les sketches sont quasiment tous interprétés par Lucy Montgomery (qui participe aussi à l’écriture) et Debbie Chazen. On ne peut s’empêcher de comparer les deux actrices à French et Saunders. Comme elles, elles pratiquent un comique visuel, avec déguisements et maquillages à l’appui qui les transforment et leur permettent d’interpréter toute une galerie de personnages savoureux . Et la comparaison s’arrête là, parce qu’elles sont aussi hilarantes et spontanées que leur prédécesseuses. Dans une interview,  la productrice Lisa Clark a révélé que c’est à cause de leur performance mémorable lors du casting qu’il n’y a, au final, presque uniquement des rôles féminins dans l’émission. On veut bien le croire parce que, dans « Tittybangbang » elles sont proprement incroyables ! Pleines d’énergie, elles se démènent toutes les deux d’un sketch à l’autre et nous offrent un acting impressionnant, tant au niveau de la gestuelle qu’au niveau des expressions ou des intonations.

Elles ne sont quand même pas vraiment toutes seules et on trouve à leur côté d’autres filles bien marrantes : Velile Tshabalala, Shelley Longworth, Kati Brend, Di Botcher, que des filles et quelques hommes mais qui sont là pour donner la réplique et c’est bien leur tour, pour une fois…

Comme dans « The Fast Show » ou « A Bit of Fry and Laurie », les mêmes situations, les mêmes personnages reviennent à chaque épisode. Les sketches partent souvent de situations absurdes (le club des couseuses au cul nul ou la soubrette exhibitionniste, par exemple) mais ils se développent surtout autour des caractères et du comportement des personnages. Chacun d’eux à un truc à lui, son obsession personnelle (mince, « personnage » reste toujours masculin ?). On ne peut pas tous les citer, mais mes préférés sont : Pete Wade, le vendeur qui enchaîne « huhu » sur « yeah », sans jamais écouter ce qu’on lui dit et en tentant de faire valoir des parties génitales inexistantes. Le club des culs nus, sketch tout en lenteurs voulues me fait hurler de rire. Et j’adore l’esprit qui règne dans les sketches où apparaît Carol Booth, la mère qui tient absolument à passer dans un talk show à sensations, c’est frais. Mais en tête vient Ruth Baxter, la bourgeoise qui cherche des crosses à tout le monde.

Bon, on a parfois l’impression que ce n’est pas tout à fait abouti et il manque certainement encore un petit quelque chose pour que ça rejoigne les monuments de la comédie anglaise. Et soit, certains sketches peuvent laisser perplexe, avec une sensation que l’idée est tarie et qu’on tire sur une corde de plus en plus grosse. Mais dans l’ensemble « Tittybangbang » est un petit bonheur qu’on n’a pas le droit de se refuser. Et puis, peut-on attendre encore une décennie pour voir autre duo de comédiennes nous faire marrer autant ?

Derrière « Tittybangbang », il y a encore deux autres femmes : Jill Parker (scénariste) et Liza Clark (co-créatrice et productrice) et un homme (quand même) : Bob Mortimer (co-créateur et producteur).

Trois saisons ont été diffusées sur la BBC de 2005 à 2007. Les deux premières sont déjà disponibles en DVD. Je ne sais pas s’il y aura de nouvelle saison mais God ! Oh God ! Oui ! J’espère qu’il y aura encore plein d’occasions de voir des comédies avec des filles dedans !

 

 

 

Father Ted

Aux premières notes du générique de Father Ted le connaisseur pousse toujours un soupir résigné… Pas à cause de ce qu’il voit, mais parce qu’il sait qu’il n’y en aura plus des nouveaux épisodes de Father Ted et parce qu’il soupçonne qu’il n’y en aura plus des séries comme celle-là. Désolé, impossible de ne pas démarrer cette note avec un accent nostalgique.

Mais remettons-nous et tachons de rendre à cette série l’hommage qu’elle mérite. Résumons d’abord : « Father Ted » suit les péripéties quotidiennes (oui, c’est souvent mouvementé) de trois prêtres perdus sur une île, Craggy Island (imaginaire), au large des côtes Irlandaises. C’est paumé, c’est venteux, c’est bouseux et on sait bien pourquoi on les a parqués là, ces trois prêtres : chacun dans leur registre, ce sont les pires curés qu’aucun séminaire n’ait jamais produit ! Ils sont attentivement (religieusement !) servis par leur bonne Mrs Doyle et régulièrement harcelés par leur supérieur le Bishop Brennan.

Father Ted Crilly, le héros de la série, est inspiré d’un personnage créé pour la scène par Arthur Mathews qui l’adapte ensuite en série avec son complice et compatriote Irlandais Graham Lineham. Rappelons au passage que c’est à ce même duo que l’on doit la série à sketches « Big Train » et que Lineham a encore commis l’excellent « IT Crowd ». Tous les deux ont écrit sur de nombreux autres programmes.

Mais, ne nous éloignons pas trop de la maison, l’île de Craggy Island n’est pas sûre. Donc, dans cette série, il y a Father Ted, un prêtre qui aimerait bien se la couler douce dans une paroisse de rupins mais qui doit à sa corruption, à ses frasques passées et à ses maladresses répétées d’être exilé sur cette île. Le personnage, impeccablement campé par l’acteur Dermot Morgan, n’est pourtant pas au bout de son calvaire. Il est en charge d’un jeune curé, Father Dougal McGuire, un parfait crétin qui n’a jamais eu qu’un seul neurone, celui qu’il a utilisé pour frapper un jour à la porte d’un séminaire. Et, dans un coin du salon trône Father Jack Hackett, un vieillard ivrogne, pervers et sénile (ou pas ?), qui termine dans un fauteuil crasseux une carrière qu’on devine peu vertueuse. Ted pourrait quand-même se laisser aller à la résignation, mais un nouvel événement vient toujours contrarier ses plans ou le tenter vers une aventure au succès improbable.

Disons le tout de suite : c’est extrêmement drôle ! Et c’est finement ciselé : ce que vous voyez dans Father Ted, vous aurez peu de chance de le voir ailleurs. La réalisation a un côté sobre, presque minimaliste, mais c’est pour mieux servir l’humour et, par exemple, certains cadrages, fixes et parfaitement « timés » font le gag à eux seuls. Les textes sont toujours drôles, chaque réplique. Et les acteurs sont brillants, ils se donnent entièrement et on ne voit pas un plan, un regard, une grimace ou une réaction qui ne soit totalement dans le personnage, dans le ton parfait pour rendre le meilleur effet comique.

Je ne devrais pas faire ça et je ne le ferai plus (promis, juré) mais pour « Father Ted », je vais dérouler le tapis rouge jusqu’au bout. Il y a donc Dermot Morgan, fabuleux en Father Ted, il transpire le pathétique, il est vrai et pour rester toujours juste il déploie toute une palette d’expressions subtiles, savamment rythmées. Il y a avec lui, toujours prêt à relever le challenge : Ardal O’Hanlon, qui joue un des crétins les plus drôles de toute l’histoire de la télévision. Il y a Frank Kelly, qui aboie ses « Feck » et ses « Arses » et qui semble prendre un malin plaisir à se dégrader et à se maculer toujours plus épisode après épisode. Il y a Pauline McLynn, qui nous sert sa « catch phrase » sur un plateau à roulettes et qui met plein d’intonations drôles dans sa voix. Graham Lineham et Arthur Mathews exploitent le maximum de tous leurs sujets, sans jamais se presser ou céder au premier effet facile.

Il n’était pas prévu qu’il y ait plus de 3 saisons de cette série, et l’on n’aurait donc jamais eu d’autres épisodes de « Father Ted » que ces 25 précieux. Mais on aurait adoré revoir Dermot Morgan triompher dans un nouveau rôle. Hélas, après avoir filmé la dernière scène, le dernier plan de la troisième saison, il s’est effondré, terrassé par un infarctus. Oui, ça sonne comme une légende, mais justement, cette série restera légendaire (comme dirait Barney).

Après avoir visionné la série, vous ne saurez pas quoi faire des DVDs. Conscient d’avoir entre les mains un des plus beaux morceaux de comédie Anglaise de ces vingt dernières années, vous chercherez la meilleure place dans votre vidéothèque pour garder ces précieuses galettes (chez moi, les trois saisons sont douillettement blotties entre « Red Dwarf » et « Fawlty Towers »).

Trailer Park Boys

Trailer Park Boys c’est un « mockumentary », c’est-à-dire que c’est tourné comme un documentaire et ça ressemble furieusement à de la Reality TV mais ce n’est ni l’un ni l’autre, c’est une fiction, une comédie traitée sur ce mode. Dans ce genre de comédie on trouve, par exemple, « The Office » ou « Reno 911 ! ».

Cette série Canadienne, écrite et réalisée par Mike Clattenburg est un bel exemple des méandres qu’emprunte parfois la création d’une série télévisée. Ce fut d’abord un court-métrage en 1998, qui présentait déjà les deux personnages principaux et qui déclencha un long-métrage l’année suivante. En découvrant ce film, le producteur Barrie Dunn imagine d’en faire une série, convainc sans peine Clattenburg et, sur un coup de tête, tous les deux vont pitcher Showcase . Et voilà : en 2001, la série est lancée avec 6 épisodes pour la première saison. Jusqu’en 2008, il y aura 7 saisons totalisant 55 épisodes et un nouveau long-métrage est sorti en 2006.

Pour résumer « Trailer Park Boys », facile, tout est dans le titre : c’est effectivement l’histoire de deux types qui habitent dans un parc de mobile home. Et pour étoffer ce n’est pas plus difficile : au fil des aventures de Ricky et Julian, c’est toute une communauté de marginaux que nous découvrons, que nous suivons et à laquelle on s’attache. Le « Sunnyvale Trailer Park » en question est un véritable microcosme, avec sa (presque) riche propriétaire, son gardien qui se prend pour un sheriff, ses locataires qui tentent de survivre ou bien se laissent paresseusement sombrer dans l’alcoolisme.

Les personnages sont truculents. Julian, l’unique cerveau du Trailer Park, bodybuildé, toujours agrippé à un verre et qui rêve qu’un jour, enfin, un de ses plans se déroule sans accroc. Hélas, son complice attitré, Ricky, est un parfait crétin, impulsif, stone du matin au soir. Ils font un trio avec leur pote Bubble, un simple d’esprit qui a été abandonné enfant par ses parents. Ils sont tenus à l’œil par « Mister Lahey », un ancien flic devenu le pire ivrogne du pays et qui vit en couple avec « Randy Beau-Brandy », prostitué occasionnel et fan de hamburgers. J-Roc, Cory et Trevor, Barbara, Lucy… Chaque personnage est excellemment croqué et un casting impeccable leur a attribué l’acteur qu’il méritait (Mike Smith, qui joue Bubble est époustouflant de simplicité et de vérité).

Bien sûr, c’est une série qui ne plaira pas à tout le monde. Rien de familial ou de « pro actif » ici : les personnages se vautrent dans une débauche de gros joints et de grandes cuites qu’ils rythment avec des chapelets de « fuck you mother fucker ». Et pas de bons sentiments non plus. Par moments, ça ressemble franchement à « Affreux, sales et méchants ». Ces bons sentiments qui viennent d’habitude nous souffler une morale toute faite, la série les remplace par de vrais moments d’émotions que Clattenburg et ses acteurs arrivent brillement à faire surgir au milieu de ce chaos apparent.

On sent une profonde complicité entre Clattenburg et ses acteurs, une grande proximité de ces acteurs avec le texte et une extrême justesse de ce texte. Du coup, tout comme dans « The Office », dans le même genre mais dans un registre différent, on ne se sent plus dans un numéro d’improvisation plus ou moins réussi mais confortablement installé dans une belle machine comique bien huilée. Et peu à peu, le mockumentary un peu potache de la première saison se transforme en une véritable saga, presque une tragédie grecque. Les personnages tombent, se relèvent, retombent mais jamais ne renoncent à leur but. Et l’on rit, non pas de plus en plus mais de mieux en mieux, saison après saison. Au final, lorsqu’on est bien entré dedans, cette série est une de celles qui vous font frémir de plaisir en entendant les premières notes du générique.

« Trailer Park Boys » est un programme à part, qu’il serait difficile de comparer à un autre. Mais pour les téléspectateurs gavés au Made in USA comme nous le sommes (et on ne s’en plaint pas, le grain est bon), c’est une sacrée bouffée d’air frais. On se marre bien en voyant le système judiciaire et pénitentiaire Canadien, et les méthodes de la police, et en repensant à toutes ces mêmes situations qu’on voit d’habitude dans les séries policières, si standard qu’on a l’impression de connaître le code de procédure pénale de Californie en habitant à Tourcoing.

Si vous ne connaissez pas « Trailer Park Boys » et si vous vous sentez prêts à digérer de la comédie qui n’est pas servie dans du polystyrène, donnez-lui absolument une chance. Si vous connaissez déjà, n’oubliez pas de le remettre au-dessus de la pile pour les longues soirées de blizzard. Si vous n’avez aucune intention de regarder ce programme à la lecture de cette note, retenez quand-même le nom de Mike Clattenburg, un de ces jours, vous allez forcément rire à cause de lui.